De gauche à droite : Michel Méténier, historien, Serge Dentin, Directeur de l’association Polly Maggoo, et Michel Jean, ex-membre du CNRS, le long du canal Marseille au Rhône

La météo maussade ne les a pas découragé. Le 27 octobre 2018, une vingtaine de participants, Marignanais ou simplement curieux, accompagnés de huit intervenants, étaient présents le long du canal de Marseille au Rhône. Ce deuxième évènement proposé sur le secteur Aire Est Etang-de-Berre pour « Lecture par Nature » s’est déroulé sous la forme d’une balade scientifique. Le ton est donné.

C’est à la médiathèque Jean D’Ormesson de Marignane que les participants avaient rendez-vous. Guidée et commentée par différents intervenants : ingénieur, chercheurs, mais aussi, paysagiste, la balade scientifique fut l’occasion pour les participants d’en apprendre davantage sur l’histoire du canal de Marseille. « Ce canal permettait aux péniches du Rhône d’écourter la distance et surtout d’éviter la côte, toujours dangereuse, notamment lorsqu’il y a du vent », précise l’historien Michel Méténier, connaisseur de l’histoire du canal, professeur d’histoire-géographie, conférencier et écrivain. « Ca, ça s’appelle une poutre en treillis, ce sont des assemblages d’éléments rigides », poursuit Michel Jean, ex-membre du CNRS, en décrivant un pont à son auditoire, humide mais attentif. « Ce que l’on peut remarquer, c’est que cette construction est assemblée aux moyens de rivets, ça c’est très typique », fini t-il par ajouter. Les détails techniques sont donnés.

Canal de Marseille au Rhône

Plus loin dans la balade, ce sera au tour de la végétation d’être commentée par Gabriel Nève, maître de conférence, et chercheur en biologie et entomologiste à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (IMBE) : « Ceci est un malus sauvage, lance le maître de conférence à ses « élèves ». Le long du canal, on apercevra plus loin qu’il y a un olivier et un cognassier. Ce sont là les traces de l’anthropisation du milieu. Ce milieu n’a plus grand chose de sauvage », lance le spécialiste des insectes, avant de poursuivre. « J’ai pu observer en une heure, neuf espèces et papillons de jour sur le tronçon. Soyez attentif à la végétation ! ». Des commentaires sur l’écologie du site qui auraient pu être davantage étoffés si la pluie ne s’était pas invitée. Néanmoins, à l’issue de cette balade, Gabriel Nève, soigneusement muni d’échantillons de sol a pu les commenter et en faire une démonstration, le but était d’observer la pédofaune, ou faune du sol.

Gabriel Nève (à droite de la photo), commentant la pédofaune ou faune du sol.

Echantillons de sol prélevés.

Enfin, la journée s’est poursuivie par une projection de plusieurs courts métrages de deux à dix-sept minutes, du documentaire à la fiction. Ces films traitaient d’un thème commun, à savoir l’écologie, la biodiversité ou encore la transformation de la planète par l’Homme et les solutions que l’on essaie d’y apporter. A ce titre, le documentaire « Le Nano de la Méduse », réalisé par Jean-François Comminges, a expliqué de manière captivante le rôle anti polluant que joue la méduse, véritable indicateur de pollution marine, notamment en débarrassant les eaux des nanoparticules. En tant que scientifique et ayant elle-même participé au film, Justine Gadreaud, doctorante à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale (IMBE), spécialiste en éco-toxicologie marine, était présente pour échanger avec les participants autour du sujet. Jérôme Mazas, paysagiste, directeur de l’Agence Horizons et enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage (ENSP) Versailles-Marseille et Raphaël Grisel, ingénieur écologue spécialisé en traitement des eaux et qualité des milieux naturels, directeur du Gipreb syndicat mixte, tous deux intervenants sur la balade scientifique un peu plus tôt, étaient également présents pour échanger avec les participants. Des projections qui ont donc donné suite à des interactions entre public et scientifiques, portant sur de grandes questions autour de l’utilisation abusive de l’environnement et des ressources, par l’Homme. » 

« Les explications étaient synthétisées et les échanges avec les professionnels du domaine étaient très intéressants », Marie-Pierre, Marignanaise venue assister à la balade scientifique.

Les éloges de cette journée ne se sont pas fait attendre. Comme l’expliquait Marie-Pierre, native de Marignane, venue assister la balade scientifique et à la projection. « C’était un très beau moment de partage avec tout le monde » nous disait-elle, avant d’ajouter : « même pour un public averti, le côté scientifique était à la portée de tous car les explications étaient synthétisées et les échanges avec les professionnels du domaine étaient très intéressants ». D’autant plus satisfaite, elle nous a confié avoir « déjà noté sur son agenda » les autres évènements « Lecture Par Nature » que Polly Maggoo organisait sur l’Aire Est Etang-de-Berre.

Par Antoine Akrich et Jessica Tonin