Après une balade scientifique sous une averse ininterrompue, le long du Canal de Marseille au Rhône, à Marignane, le 27 octobre dernier, une projection de sept fictions et documentaires étaient projetés à la bibliothèque Jean d’Ormesson. C’est en ce lieu que nous avons retrouvé Gabriel Nève, qui a généreusement accepté de répondre à nos questions.

Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

« Je suis Gabriel Nève, maître conférence à l’université d’Aix-Marseille. Je travaille à l’institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale. Je suis né en 1964 et suis arrivé dans la région il y a 19 ans, quand j’ai été nommé maître de conférence ici, à Marseille. »

Quel est votre domaine de recherche ?

« Je fais des recherches sur la biologie des insectes, leur écologie. J’essaie de comprendre le fonctionnement des écosystèmes, en relation avec celui des insectes. Mes travaux se font généralement en collaboration avec des collègues, qui travaillent sur d’autres compartiments des écosystèmes. »

« J’ai eu l’idée de prendre des échantillons de sol, afin de voir la pédofaune »

Parlez-nous de votre participation et implication au sein du projet « Lecture par Nature »…

« Serge Dentin, le directeur de l’association Polly Maggoo, m’a demandé si j’acceptais de participer à une promenade scientifique. Guider des excursions dans un but scientifique est quelque chose dont j’ai l’habitude, d’une part, dans des associations, naturalistes, et d’autre part, dans mon travail d’enseignant. Je suis venu il y a quinze jours afin de préparer la journée d’aujourd’hui, et j’ai fait le parcours que nous avons réalisé cet après-midi. Je me suis rapidement aperçu que chercher des papillons avec trente personnes ne serait pas possible. J’ai donc pensé qu’il était plus judicieux de faire autre chose. De cette façon, j’ai eu l’idée de prendre des échantillons de sol, afin de voir la pédofaune, la faune du sol. J’ai fait une démonstration toute à l’heure, ainsi que des commentaires sur l’écologie du site, au cours de la visite. J’aurais pu en faire davantage  s’il avait fait meilleur. »

Quel est votre sentiment global sur le déroulement de la journée ?

« Je suis ravi d’avoir rencontré des gens intéressés, d’avoir discuté avec certains que j’ai envie d’appeler des « collègues », dans la mesure où l’on est ensemble à guider une excursion. Nous exerçons des professions très différentes, mais c’est justement ça qui a contribué à donner un aspect pluridisciplinaire à cette visite. De plus, j’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire de la région. »

« Il y a un aspect un peu poétique lorsque l’on voit les méduses dans leur milieu »

Que pensez-vous de la rencontre entre l’art et la science ?

« C’est quelque chose que je pratique dans mon métier d’enseignant, puisque j’enseigne dans une licence qui s’appelle « Sciences et Humanités ». Y sont mêlées sciences expérimentales et sciences humaines et sociales. On se sert également d’un lien avec l’art et l’histoire de l’art, en combinant des approches artistiques et scientifiques sur un sujet donné. Je suis donc un peu habitué à combiner les approches. Le cinéma permet aussi de montrer à un plus large public des éléments qui seraient difficiles à expliquer. L’exemple qu’a montré Justine (cf. Justine Gadreaud, doctorante à l’institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, présente sur l’événement) sur les méduses et les nanoparticules démontre que l’on peut se dire « ce sont des manipulations très compliquées », mais en réalité, il y a un aspect un peu poétique lorsque l’on voit ces animaux dans leur milieu. On peut expliquer les choses de façon suffisamment simple pour que ça soit compréhensible pour chacun. Il y a quelque part un aspect pédagogique, le mettre de façon plus artistique fait passer le message, me semble t-il. »

Jessica Tonin